Ça ne partait pas très bien…
Mardi 7 juin, nous franchissons la frontière vers la Turquie. Comme nous n’avions pas eu un bon feeling l’année dernière à Dogubayazit (la frontière principale) et que nous voulons visiter les environs du lac de Van, nous optons pour le petit poste frontière de Khoy, un peu plus au sud. Le point de passage est au milieu de nulle part et pourtant bondé de monde, des hommes pour l’essentiel. Des gamins nous conduisent dans une sorte de container où un agent nous demande de payer une taxe sur le gasoil. Nous refusons, expliquant poliment que l’année dernière nous n’avions rien payé pour sortir vers le Turkménistan. Mais ici c’est la frontière avec la Turquie, où le gasoil est beaucoup, beaucoup plus cher qu’en Iran et cette taxe semble légale. Alors je baisse les bras et abat ma dernière carte (et surtout un gros mensonge) : ok mais je suis désolée nous n’avons plus du tout de monnaie, ni en rials ni en dollars ni en euros, et nous devons aller à Van pour retirer (à 100km d’ici en territoire turc), à moins que vous ne preniez la carte visa ?? (sachant pertinemment qu’en Iran elle ne fonctionne pas…). Le fonctionnaire appelle son chef qui nous autorise finalement à passer sans payer cette taxe. Je crois que nous mériterions un Molière pour certains passages de frontière ;-)
Nous retrouvons la Turquie comme nous l’avons quittée : sous la pluie. Décidément ce pays n’est pas clément avec nous, espérons que les 6 prochaines semaines que nous comptons y passer ne se déroulent pas comme ça ! Nous nous arrêtons pour la nuit 25km avant Van, au bord d’un petit lac où le gardien de l'aire de jeux sur laquelle nous sommes garés nous invite dans la soirée à boire du thé. C’est le premier jour du ramadan et il attend avec impatience la rupture du jeun. Mais nous remarquerons les jours suivants que la pratique du Ramadan est assez flexible ici : de nombreux restaurants sont ouverts et remplis, des gens mangent ou boivent dans la rue en pleine journée…
Le lendemain, nous entrons dans la ville de Van, ou plutôt dans son quartier mécanique. Il y a de nombreux garages Iveco en Turquie et nous voudrions commander les pièces pour faire réparer notre transmission dans les jours qui viennent. Il se trouve que le garage où nous atterrissons a les pièces disponibles (nous changeons les supports que nous avions déjà changés au Kirghizstan), et nous voilà immobilisés toute l’après-midi sur cales ! Pas terrible comme premier jour en Turquie… D’autant que nous nous prenons un énorme orage en début de soirée alors que nous voulions visiter la citadelle qui surplombe la ville. Au lieu de cela, nous regardons Harry Potter en famille (nous en sommes au 5), ce qui signifie que toute la semaine nos enfants vont s’attaquer à coup de baguettes magiques volées dans le tiroir à couverts et que nous devrons les « stupefixer » pour les calmer un peu… ;-)
Jeudi, nous repassons au garage pour vérifier l’équilibrage de nos roues et ils détectent une anomalie sur l’un des pneus. Une fois le changement effectué et avec notre transmission toute neuve nous testons pépère sur une grande route et … oh miracle ! pour la première fois depuis 1 an (ah oui, quand même…) nous roulons sans ressentir de vibrations à 75km/h ! Quelle sensation de faire une pointe à 95km/h ! Pépère retrouve une nouvelle jeunesse, et nous sommes très contents d’avoir « perdu » une journée et demi ici. Nous sommes donc de très bonne humeur pour visiter la citadelle de Van, et le soleil se joint à nous pour nous permettre de passer un très bon moment.
Nous prenons ensuite la route qui longe la rive sud du lac de Van et trouvons un magnifique bivouac sur une avancée rocheuse. Les paysages sont vraiment jolis dans le coin !
Vendredi, nous nous rendons à l’embarcadère tout proche de notre lieu de bivouac, afin de rejoindre en bateau l’ile Akdamar sur laquelle se trouve une jolie église arménienne. Nous faisons école sur le parking en attendant que d’autres personnes remplissent le bateau et partons finalement vers 11h. Pour nous qui sommes incapables de reconnaitre les apôtres sculptés sur la façade, la balade vaut surtout pour les paysages magnifiques et la vision de cette église perdue au milieu du lac et entourée de montagnes encore enneigées.
Le soir, nous ne savons pas trop où dormir. Renaud souhaiterait voir le match d’ouverture de l’Euro, mais nous ne voulons pas dormir en ville… après consultation de notre guide nous découvrons le Nemrut Dagi, un volcan éteint qui surplombe la ville de Tatvan où nous sommes. Nous décidons donc d’y faire un tour. Et quelle bonne idée ! La piste (tout à fait praticable en camping-car) qui longe l’arrête du cratère nous fait découvrir un panorama superbe sur des lacs volcanique d’un côté, et l’immense lac de Van de l’autre. Nous prenons la piste qui s’enfonce dans le cratère pour trouver un joli bivouac. Le silence est épais, nous sommes loin de toute habitation et nous avons un peu l’impression d’être seuls au monde… Renaud fait une croix sur son match ;-)
Aujourd’hui, après avoir refait un petit tour du cratère juste pour le plaisir, nous avons une longue route qui nous attend. Depuis notre entrée en Turquie, nous nous renseignons sans arrêt sur les routes au départ de Van. La région est en effet sensible depuis la fin du cessez- le feu entre le PKK et le gouvernement turc. Les bâtiments officiels sont régulièrement pris pour cible le plus souvent via des attentas à la voiture piégée. Ajoutez à cela la proximité de la frontière syrienne où sévissent des combats contre l’EI et l’existence zone de ravitaillement/transit des djihadistes aux environs d’Urfa… bref nous n’allons pas trainer dans le coin ! Une fois bien identifiées les zones à risque (via la presse locale et internationale et les gens sur place), notre objectif sera de rejoindre le Nemrut Dagi (pas le volcan visité hier, mais une autre montagne à 400km de là portant le même nom) d’une traite si possible. On vous tient au courant !