Réveillez-vous, vous n’êtes pas en sécurité !
Le 14 juillet, après avoir fait la toute dans l’après-midi depuis Pamukkale, nous nous installons sur la plage de Pamucak, sur la mer Egée, à quelques kilomètres d’Ephèse. Le bivouac pourrait être magnifique, avec la possibilité de se garer tout proche de l’eau, mais malheureusement la plage est jonchée de détritus à tel point que même les enfants ne sont pas motivés pour se baigner ! De toute façon il est un peu tard et demain nous voulons nous lever tôt pour visiter le site avant la foule alors… tous au lit !
Le lendemain, nous n’arrivons finalement pas à nous lever très tôt, et nous commençons la visite vers 10h30. Il y a très peu de monde pour l’instant ! Ephèse est l’un des plus beaux sites archéologiques de Turquie, il parait. Ancienne cité portuaire rayonnante grecque, romaine puis byzantine, elle abritait à son apogée 250 000 personnes et a été plusieurs fois ravagée par les guerres. A noter qu’Ephèse abritait également l’une des 7 merveilles du monde antique (les « originales », pas celles d’internet !), le temple d’Artémis aujourd’hui disparu. Nous passons environ 3 heures à arpenter le site, sous un soleil de plus en plus brulant. Les colonnes de l’agora et de la rue du port, la magnifique porte de la bibliothèque, les latrines avec leurs drôles de « cuvettes », le temple d’Hadrien… franchement même sans être un expert il y a de quoi trouver le site magnifique ! Même les enfants en prennent plein les yeux et ont l’air d’aimer la visite. Le chemin du retour vers 13h est un peu plus compliqué : alors que nous sommes sur un chemin sans ombre, Martin s’assoit au milieu de l’allée, fatigué : « zé plus envie de marcher. Et en plus z’aime pas les rouines ! ». Verdict sans appel ;-) Sur le chemin du parking, des turcs nous parlent de ce qui c’est passé en France, et c’est alors que nous découvrons le carnage de Nice… que dire…
Après le déjeuner, nous partons vers le nord en direction d’Izmir, la 3ème plus grande ville de Turquie. En chemin nous faisons une petite razzia chez décathlon pour nous rééquiper en masques, tubas et lunettes de plongée, semés ces dernières semaines comme les graines du petit Poucet. Conformément à notre décision de ne plus rester dans les grandes villes, nous nous posons sur un grand parking au calme, une vingtaine de kilomètres en dehors de la ville. Nous aurions préféré un bord de mer mais il semble inaccessible si près d’une grande agglomération donc nous nous contentons de ce grand parking calme. C’est celui du zoo d’Izmir, et les enfants sont déjà tout excités à l’idée qu’on pourrait aller le visiter demain.
A minuit, alors que nous sommes déjà endormis, deux hommes tapent à la porte. Ils essaient d’expliquer à Renaud quelque chose qu’il ne comprend pas, jusqu’à ce qu’il regarde sur internet : un coup d’état est en train de se produire en Turquie, des chars d’assaut circulent dans les rues d’Istanbul, un couvre-feu est instauré ! Le gardien du zoo nous conseille de ne pas rester ici, mais nous ne savons pas où aller et l’endroit nous semble plutôt sûr, loin de la ville (mais proche d’une base militaire…). Nous essayons de contacter l’ambassade et le consulat sans succès. Un message du ministère des affaires étrangères conseille à ses ressortissants en Turquie de ne pas sortir de chez eux… ça tombe bien, on est chez nous ahaha ;-) A une heure du matin, après avoir suivi l’évolution de la situation sur internet nous décidons de rester ici mais de nous rapprocher de la loge sécurisée du gardien, juste au cas où. Et nous dormons ensuite comme des loirs, à peine dérangés par les rugissements des lions proches de nous.
Le lendemain, nous constatons que le putsch qui semble avoir surpris tout le monde a été écrasé dans le sang, Erdogan va pouvoir en profiter pour achever d’éliminer toute opposition à son régime. Nous recevons d’ailleurs un SMS sur notre carte sim turque nous demandant de descendre dans la rue pour le soutenir. Nous allons nous abstenir… Du côté d’Izmir il n’y a rien eu à signaler mais des généraux de la base à côté de laquelle nous sommes ont été arrêtés. En attendant de voir si la situation évolue différemment, nous envoyons Eliott vérifier le prix d’entrée du zoo : 1€/adulte ! A ce prix là moi qui ne suis pas fan des zoos je n’ai pas d’argument à opposer à mes trois lutins qui me regardent avec des yeux brillants. Et c’est parti pour une visite aux serpents, loups, lions et autres perroquets !
Nous partons en début d’après-midi en direction de Foça, un agréable petit port de pêche d’où il est possible de partir en excursion sur les iles aux alentours, dont l’ile aux sirènes autour de laquelle nagent régulièrement des phoques moines, une espèce en voie de disparition. Mais les bateaux sont soit complets soit vides (et il faut alors les louer dans la totalité) donc nous laissons tomber cette idée et allons nous installer sur une plage juste après le village (en plus il parait qu’on les voit très rarement). Il y a un peu trop de monde à notre gout donc nous n’y restons qu’une nuit.
Mais le lendemain 50km plus loin, nous entendons un affreux crissement au niveau de la roue arrière droite, comme un frottement de métal. Nous nous arrêtons au bord de la route et Renaud démonte la roue pour voir ce qui cloche. L’étrier semble bloqué et la plaquette de frein est collée au disque. Il commence à démonter l’étrier mais une vis récalcitrante se casse nette. Nous n’osons plus avancer, et pour la première fois depuis notre départ nous faisons appel à notre assurance (et je vous passe les détails sur le fait que nous n’avons, à ce moment là, sur une 2x3 voies au milieu de nulle part, plus aucun téléphone ni internet en état de marche…). La dépanneuse arrive alors que la nuit est déjà tombée, et après avoir veillé au bon transfert de pépère sur l’engin, c’est en taxi que nous rejoignons Izmir où se trouve le garage Iveco le plus proche. L’assurance nous propose de dormir à l’hôtel, mais les enfants se sont endormis dans la voiture, il est plus de minuit et nous optons pour une nuit « glamoure » dans la zone mécanique d’une grande ville ;-) Il faut toute la journée du lendemain (lundi 18 juillet) et plusieurs « tests » dans les rues de la ville pour venir à bout du problème lié au roulement arrière que nous avions déjà changé en Iran. N’avais-je pas écris dans l’article précédent que Renaud en avait marre de ces petits pépins mécaniques ? Et bien c’est toujours le cas ! Mais au-delà du problème financier (les frais qui s’enchainent en fin de parcours, ça commence à faire très mal…), notre moral n’est pas franchement entamé. Rien à voir avec l’état d’esprit dans lequel nous étions en Mongolie, quand nous nous trouvions si impuissants face aux ennuis qui s’accumulaient. Ici nous trouvons des gens qui parlent un peu anglais, les pièces sont disponibles rapidement et les garages ressemblent à de vrais garages professionnels. Bref, nous sommes déjà repartis, avons déjeuné ce midi dans un bon restaurant dans la jolie ville d’Ayvalik et nous sommes installés au bord d’une autre plage de la mer Egée. Mais si on pouvait rouler les prochains 1000 kilomètres sans coup d’état ni problème mécanique ce serait quand même cool !