Nouvelles rencontres
Ce matin (mardi 14 avril), après l'école, j'occupe les enfants au parc pendant que Renaud regarde le marche-pied (sous les yeux des dizaines de taxis qui sont venus se garer à côté de nous au petit matin !). Le problème est rapidement identifié : la pièce que nous avons changée en Italie vient à nouveau de céder, empêchant le marche-pied de remonter. Ali (qui nous a apporté le thé hier) propose de nous amener dans un atelier à une dizaine de kilomètres de Jolfa, en fait un tourneur-fraiseur qui nous confectionne une pièce sur-mesure et nous répare le mécanisme en moins d'une heure. Lorsque nous demandons le prix, il nous annonce que c'est gratuit car nous sommes ses premiers "touristes" ! Nous refusons plusieurs fois comme le veut la coutume en iran mais il insiste. Ok pour nous ! Nous retournons manger des brochettes dans la gargote d'hier et repartons les bras chargés de chocolats, cadeaux du propriétaire de la boutique à-cotė. J'ai l'impression qu'on va faire le plein de sucreries ici ! ;)
Nous quittons Jolfa en milieu d'après-midi pour la vallée de la rivière Aras. Une route magnifique au milieu d'un canyon avec en surplomb les pics enneigés de l'azerbaijan et de l'Arménie.
Nos roues nous conduisent à oshtebin, un petit village à flanc de colline avec ses maisons traditionnelles en terre. Tellement accroché à la colline qu'il n'y a qu'une seule route praticable en voiture, qui finit en cul de sac. Bon... Je crois qu'on va dormir là ! ;) Une dizaine d'hommes et de gamins se regroupent autour de Renaud et lui posent plein de questions. Je suis complètement invisible... Depuis 3 jours que nous sommes en Iran, et malgré la gentillesse des personnes rencontrées, je me prends en pleine face un monumental recul du statut de la femme : je suis la seule de la famille à qui on ne sert pas la main, les hommes m'adressent très peu la parole... Quant au voile que je porte tout la journée... il méritera un article à lui tout seul !
Bref, pendant que Renaud "discute" je pars me balader dans les ruelles étroites et les escaliers qui grimpent dans le village. Je repère rapidement les 2 gamines qui me suivent de loin en gloussant. Je m'approche d'elles et la plus grande tente un timide "hello". C'est bon, la conversation est engagée ;-) Zahara a 13 ans, elle essaie de me parler avec son anglais rudimentaire appris à l'école. Elle m'invite à visiter sa maison, ce que j'accepte évidemment, accompagnée de louise et d'Eliott qui m'ont rejointe entre temps. Elle me montre ses cours d'anglais et nous parvenons à discuter un peu. Elle vit avec ses parents et sa soeur de 19 ans qui a une fille d'un an, Yasma, trop mignonne ;) vous devinez la suite... ils nous proposent de partager leur repas, enfin celui du père puisque la mère et les filles ne mangeront que du pain... Soupe de lentille, galettes, frites et omelette à la tomate... On se régale et on passe une très belle soirée avec cette famille.
Le lendemain, comme à notre habitude nous trainons le matin. Nous reprenons la route principale qui doit nous conduire à Tabriz, l'une des grandes villes d'Iran. La recherche du château de Babak (que nous ne trouverons jamais car il faut marcher 2 heures pour le rejoindre...) nous permet de faire une jolie balade dans les pâturages. Je n'imaginais pas l'Iran aussi vert et vallonné ! En fin de journée nous prenons un petit chemin au hasard, pensant faire un bivouac "nature", mais nous arrivons dans le hameau de Has où nous nous arrêtons finalement. À nouveau, les hommes du village, curieux, s'approchent mais il n'y a aucune femme à l'horizon. Les enfants entament une partie de foot avec les gamins du village, pendant qu'un type nous amène sur une colline voir de vielles stèles gravées. Nous déclinons une nouvelle invitation à dormir (!) et dinons tous les 5 dans le camping-car, pour la première fois depuis que nous sommes ici !