Voyager en Iran en camping-car : notre bilan
Voici nos infos pratiques pour voyager en camping-car en Iran, basées sur nos 2 séjours du 12 avril au 8 mai 2015 et du 9 mai au 7 juin 2016.
Nombre de jours : 57 (27j en 2015 ; 30j en 2016)
Nombre de kilomètres : 8200 (exactement 4100km à chaque passage)
Dépenses quotidiennes : 21€/j (hors visas turkmènes à l’aller et réparations mécaniques au retour).
Impression générale
Oubliés les préjugés et les amalgames ! Aucun problème de sécurité ici, l'Iran est un pays en paix, particulièrement accueillant pour les voyageurs. Seule la zone proche du Pakistan reste déconseillée. Comme nos récits l'ont montré je l'espère, les iraniens sont d'une gentillesse et d'une hospitalité incroyable. 2 mois sont bien nécessaires pour découvrir cet immense pays aux paysages si différents.
Ce qu'on a aimé
- les rencontres : nous avons passé de super moments à chacune de nos rencontres : les familles chez qui nous avons déjeuné ou diné, le vendeur de légumes "fou" qui s'est mis à danser dans notre camping-car, ces jeunes qui écoutent de la musique trop fort... Parfois c'était un peu étouffant de devoir expliquer 10, 20 fois par jour notre famille, notre voyage, mais au final on en redemande !
- le prix du gasoil : considération bassement matérielle mais qui a son importance dans notre voyage... c'est le pied de faire un plein à 7€!
- la vallée de l'Aras : c'était le début de notre parcours en Iran. Nous avons adoré les paysages de montagne, la fraicheur et les petits villages typiques de cette région.
- la place de l'immam à Isfahan. En fait, nous avons aimé toute la ville d'Isfahan, mais nous avons un coup de coeur pour cette immense place entourée de superbes monuments et remplie d'iraniens et de touristes qui viennent flâner. Nous y avons passé 3 fin d'après-midi à jouer aux cartes dans l'herbe en mangeant une glace ;)
- les ruelles de Yazd : malgré la chaleur, nous avons beaucoup aimé déambuler dans les ruelles de Yazd, longeant les murs de terre et admirant les badgirs (=système de ventilation) perchés sur les toits.
- les 3 jours passés dans le désert : les enfants sont adoré la source de Garmeh, moi j'ai un faible pour notre bivouac aux dunes de Ferhazad... Quoi qu'il en soit ces 3 journées font l'unanimité dans la famille !
- La vallée d’Howraman, proche de la frontière irakienne : une vallée superbe ponctuée de petits villages traditionnels accrochés à flan de montagne… Nous y avons passé 3 jours hors du temps
- Meymand, le village troglodyte. Certes ce n’est pas la Cappadoce (où nous sommes à l’heure où j’écris ces lignes…) mais nous avons passé un très bon moment, seuls à déambuler entre les habitations creusées dans la roche.
- La cuisine iranienne : que ce soit dans la rue, au restaurant ou dans les familles qui nous ont invitées, nous n’avons jamais été déçus par la cuisine iranienne. Le riz est délicat, les kebabs sont savoureux, le dizzi està tomber par terre, tout comme un bon byriani… Bon par contre j’avoue que je commence à me lasser des concombres/tomates servis systématiquement.
Ce qu'on a moins aimé
- L'obligation de porter le voile. Outre le fait qu’il renvoie à un système de croyances et de valeurs que je ne partage pas, le voile est un accessoire super galère à porter toute la journée ! Ca tient chaud, ça glisse sans arrêt et ça se prend dans l’accoudoir… lors de notre 2ème séjour en Iran, j’ai décidé de ne mettre le voile qu’à l’extérieur du camping-car, et de le porter façon turban ou bandana. C’est bien plus pratique, ça protège des rayons du soleil et personne ne m’a jamais rien dit.
- Les contrôles de police. Bon soyons honnêtes, nous nous attendions à des relations compliquées avec la police iranienne : contrôles répétés, surveillance, obligation d'aller se garer ailleurs etc. Au final, rien de tout ça ! Nous avons effectivement été contrôlés quelques fois, mais plus par curiosité qu'autre chose, et toujours avec le sourire. Alors pourquoi le signaler dans cette "rubrique" ? Parce que plusieurs fois, nous avons trouvé les policiers un peu... boulets ! A nous réveiller à 2 heures du matin dans le hameau de Hars, morts de rire à essayer de parler avec Renaud (Platini, Zidane...) ; à nous tenir la jambe plus de 40mn en plein milieu de notre dîner (sans un mot d'anglais) emmenant Renaud pour faire des photocopies de nos passeports (les nôtres ne semblants pas lui convenir...) ; à nous réveiller à 5h30 du matin à Kermanshah pour nous dire que ce n’est pas « safe » de dormir dans ce parc pourtant très calme…
- Le "dough" : comme l'ayran turc ou le kefir russe, c'est une boisson très consommée en Iran : du yaourt coupé à l'eau puis laissé fermenté plusieurs jours. C'est très salé, parfois gazeux tellement ça a fermenté... Ce n'est pas notre truc, à part peut-être Martin, mais Martin engloutit tout ce qu'il trouve de toute façon (même les fourmis, sa dernière découverte...). Ajout après le second passage : finalement, nous nous sommes peu à peu mis au dough et c’est vrai que c’est rafraichissant !
- La conduite iranienne : "il n'y a qu'une guerre en Iran, celle sur la route!" Je retiens cette phrase lancée par un conducteur iranien alors que nous sommes en train de batailler dans les rues de Téhéran. La conduite, en ville comme sur les autoroutes, est vraiment particulière : marches arrière sur l'autoroute, prises de route à contresens et queues de poisson sont fréquents. Il faut s'y faire, et Renaud a bien pris le pli ;-) ici, ils font beaucoup d'appels de phares pour prévenir qu'ils doublent, qu'on va se croiser, pour faire coucou, pour prévenir qu'il y a la police... Nous on la fait plutôt à l'indienne en klaxonnant !
- Les groupes de collégiennes : hystériques lorsqu'elles voient les enfants, c'est alors un enchainement de photos, de selfies, de pinçages de joues et de "portages" de Martin le tout agrémenté de cris stridents. Vite lassant !
- Les paysages du sud entre Bandar Abbas, Bam et Kerman : nous avons été un peu déçus par cette région où les paysages n’ont rien d’exceptionnels : de grandes étendues désertiques sans charme, avec des routes en lignes droites interminables. Ajoutez à cela le fait que la citadelle de Bam a vraiment souffert du tremblement de terre de 2003, et nous demandons si le détour de plusieurs centaines de kilomètres vaut vraiment le coup… mais nous étions avec nos amis espagnols, alors aucuns regret de notre côté !
Les petits trucs qu'on a remarqués
- L'art du pique-nique : avec ou sans tente, qu'il fasse beau ou pas, les iraniens adorent pique-niquer ! Et avec tout le matos s'il vous plait : machine pour faire le thé, bois pour faire le feu, matelas et tapis... Le week end c'est vraiment impressionnant de les voir !
- La fierté envers leur pays : on a senti une nation assez fière. D'une manière institutionnelle, d'abord, avec des drapeaux iraniens flottant partout, des décorations aux couleurs de l'Iran et l'exhibition des photos de milliers d'hommes morts au cours de la guerre contre l'Irak, et érigés en martyrs (à l'entrée de chaque ville, les portraits s'enchainent tous les 10 mètres...). Et aussi en discutant avec les gens. Quasiment tous les iraniens rencontrés avaient l'air vraiment heureux qu'on visite leur pays, et nous demandaient "Iran good ??", comme pour nous faire confirmer le décalage entre leur pays et sa "réputation" internationale (qui les désole d'ailleurs...). Les iraniens ne sont ni asiatiques ni arabes, ils sont vraiment les héritiers de la perse qui a su conserver son identité au cours des siècles.
- Le soucis de leur santé : les iraniens sont plutôt bien portants, fins gourmets et grands gourmands (il faut voir la taille des assiettes !). Du coup, ils essaient de faire attention à leur forme et de manger sainement. Comme en Turquie, on trouve partout en plein air des agrès pour faire des abdos, des tractions etc. Un jour, j'ai commandé des assiettes de frites en précisant que c'était pour les enfants. Le serveur m'a gratifié d'un regard désapprobateur et d'un "but it's not healthy!" (Mais ce n'est pas sain!). Je suis restée calme et souriante, mais tout juste ;-)
- Le tah'rof. Kesako le tah'rof ? c'est lorsqu'un vendeur de légumes, quand tu demandes le prix de tes achats, te fait signe, la main sur le coeur, que ça ira, c'est pour lui. Tu le remercie chaudement et tu tournes les talons, et là le vendeur te crie dessus "hey, my money!" Le tah'rof, c'est en fait un système de politesse qui est assez déstabilisant pour nous car du coup on ne sait jamais ce que les gens pensent vraiment! Est-ce qu'il veut vraiment nous inviter ou bien est-il simplement poli ? Il nous offre ce pain ou il faut le payer ? Pour être sûr de ne pas commettre d'impair ou mettre l'autre dans l'embarras, il faut confirmer les choses 3 ou 4 fois. Si le vendeur dit "c'est gratuit", il faut lui dire 3 fois "non je veux payer" et s'il insiste encore c'est que c'est bien gratuit. Pareil quand on ne veut plus de thé après en avoir bu déjà 1 litre... Il faut refuser la tasse au moins 4 ou 5 fois sinon ils prennent ça pour de la politesse de notre part.
- Les iraniens mangent dans le désordre (par rapport à nos "standards" !) : un repas chez l’habitant commence systématiquement par un thé, des friandises, des fruits, puis vient le plat principal. Allez dire à des enfants de ne pas se goinfrer de pâtisseries car la soupe arrive juste derrière… ;-)
- Le système monétaire iranien est un peu compliqué car ils ont deux monnaies : la monnaie officielle est le Rial : 1€ = 39 000 Rials en 2016 (34 000 en 2015). Mais en langage usuel ils comptent en Toman, en enlevant un zéro (mais on paie toujours en rials !). Et sur les marchés quand on demande un prix, au lieu de dire 12 000 tomans pour un truc qui vaut 120 000 rials (environ 3€), ils disent juste 12 tomans… pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?? Ca demande une certaine habitude mais à la fin on était bien à l’aise avec ce système ;-)
Ravitaillements
- Gasoil : au un pb de ravitaillement, il y a de nombreuses pompes, il faut simplement repérer les pompes où vont les camions car la plupart des voitures iraniennes roulent au gaz. Les locaux touchent le gasoil à 2500 rials/litre (0,07€) avec une carte (300 rials en 2016). Sans carte, nous avons payé le double en 2015. L’année d’après, en voyageurs plus aguerris nous avons systématiquement négocié le prix pour nous rapprocher du prix local ;-).
- Eau : aucun problème pour en trouver. En ville, tous les parkings ont des toilettes où on peut se servir en eau pour remplie les réservoirs. Idem dans les parcs. Pour boire, en 2015 nous avons acheté des bouteilles de 1,5l par packs de 6 (compter environ 45000 Rls le pack ) mais l’année suivante nous avons rempli nos bouteilles aux nombreux points d’eau potable disponibles un peu partout (mosquées, sources etc.)
- Gaz : nous avons fait remplir nos 2 bouteilles pour environ 60 000 Rls (1,5€) la bouteille de 13kg :
- à Yazd : N31°55'29.4"/E054°21'59.6"
- à Bam : N29°04’13.7/E058°23’36.4
- à Miandoab (au sud du lac Orumieh) : N36°58’18.3/E046°07’52.6
- Argent : attention, il n'y a pas de distributeurs compatibles avec les cartes internationales (visa, mastercard...). Il faut donc avoir suffisamment d'euros ou de dollars pour couvrir la totalité du séjour. Nous avons changé des Euros sans problème, une fois dans une boutique officielle, et 2 fois au marché noir (les taux se valent). Ne pas oublier que les banques et les changeurs officiels ferment le vendredi et le samedi. Lors de notre passage le change était plus intéressant pour l'Euro que pour le dollars.
- Vie quotidienne : embargo international oblige, on a moins de repères dans les magasins iraniens ! D'une manière générale, nous n'avons pas vu beaucoup de magasins avec caisses et caddies. Surtout des mini supérettes, ou bien les stands des bazars. On trouve moins de légumes qu'en Turquie, nous avons surtout tourné aux tomates, concombres et chou rouge. On trouve partout du maïs et du thon en boite (pour faire des salades !), du riz et des pâtes, des sauces tomates, des boites de haricots blancs ou de des pois-chiches, des oeufs... La note augmente vite dès qu'on achète des céréales, du lait, des yaourts... Les seuls yaourts sucrés que nous ayons trouvés sont des petites danettes à la fraise, vanille ou banane. Lors de notre second passage, plus tard dans la saison, nous avons acheté beaucoup de fruits : abricots, fraises, cerises.
- Produits bébé : pas de difficultés particulières, on trouve des couches partout, du lait en poudre dans les grandes villes, des produits pour le change dans les bazars. Mais toujours pas de cotons carrés pr le change :-( et je n'ai pas vu beaucoup de petits pots non plus...)
Visa
Il faut un visa pour entrer en Iran. Il n’est pas disponible aux frontières terrestres donc il faut en faire la demande à l’avance. Il se fait en 2 fois : d’abord l’achat auprès d’une agence iranienne d’un numéro d’autorisation transmis par le ministère de l’intérieur iranien. Puis le dépôt de la demande de visa à proprement parlé dans un consulat
1er visa demandé à Paris en janvier 2015 (dépôt du dossier le 16 janvier, réception des visas par courrier le 2 février). Nous avons du fournir les documents suivants :
- passeports
- un certificat d'assurance couvrant la période du séjour (téléchargeable sur notre compte en ligne en ce qui nous concerne)
- le formulaire rempli + les frais consulaires de 50€/pers (payable par CB)
- 1 photo d'identité sur fond blanc (pas si simple à faire en France car la plupart des photomatons ont un fond coloré!)
- une enveloppe timbrée pour le retour par courrier
- obligatoire : un numéro d'autorisation (payant) délivré par le Ministère des affaires étrangères iranien, que l'on peut obtenir via une agence locale. Nous les avons eu en 3 jours après paiement auprès de l'agence Touran Zamin moyennant 30€/pers.
- à noter : il n'est plus nécessaire de déposer ses empreintes digitales à l'ambassade...
2d visa demandé en avril 2016 à Oman (5 jours ouvrés minimum entre le dépôt de la demande et la réception des visas). Nous avons dû fournir
- les passeports
- 2 photos d'identité
- le formulaire rempli + les frais consulaires de 28OMR/pers (environ 65€) + 2OMR/pers (environ 5€) de comission car le consulat d'Oman ne prend pas les demandes en direct et oblige à passer par une agence locale.
- obligatoire : le numéro d'autorisation, obtenu au préalable via Touran Zamin (la même agence que l'année dernière) moyennant 30€/pers
- à noter : les frais consulaires semblent un peu moins élevés si le visa est demandé aux EAU...
Importation temporaire du véhicule
Le carnet de passage en douanes est obligatoire en Iran. Nous l’avons fait remplir à la frontière de Bazargan à l’aller, et au port de bandar Abbas au retour. On ne nous a jamais demandé d’assurance pour le véhicule, mais l’Iran est couvert par notre assurance française (Maif) donc nous étions « en règle ». Lorsque nous sommes sortis du territoire la 2ème fois pour entrer en Turquie (frontière de Koy), les douaniers ont voulu nous faire payer une taxe sur le gasoil que nous avions dans notre réservoir. Nous avons prétexté ne plus avoir de liquidités pour ne pas payer cette taxe.
Conditions de circulation en camping-car
Le réseau routier n’est pas mauvais du tout en Iran. Les rares autoroutes payantes sont excellentes (et vraiment pas chères !) et les grands axes sont en très bon état. Nous avons pris quelques pistes pour trouver des bivouacs, ainsi que dans la vallée d’Howraman. Le problème vient des conducteurs iraniens qui conduisent vraiment très très mal. Ils ne se soucient pas du tout des autres, en fait, et déboitent sans prévenir, se mettent à 5 de front sur une 3 voies etc. Mais la plupart ne roulent pas très vite donc ça reste gérable pour un conducteur aguerri.
Les bivouacs
Nous avons souvent dormi dans des parcs où il est facile de trouver un emplacement plat, voire de l’eau pour les réservoirs. Les bivouacs en ville ne sont pas les plus agréables car très « exposés ». nous avons fait quelques jolis bivouacs dans la nature. Voici la liste commentée de tous nos bivouacs :