Premiers jours compliqués
La traversée du Turkmenistan en 4 jours nous a crevés. Parents et enfants. Mardi 12, avant de passer la frontière pour nous rendre en Ouzbékistan, nous profitons d'être à Kounia-Ourgentch pour visiter quelques monuments : les mausolées près desquels nous sommes garés, et un joli minaret de 60m de haut. Mais Eliott nous fait une crise parce qu'il ne veut pas qu'on lui tienne la main en traversant. Une si belle crise que je finis par l'enfermer dans le camping-car en le menaçant des pires punitions s'il ouvre la porte. Il n'ouvre pas, mais la visite est néanmoins écourtée.
Le passage des douanes est un calvaire. Nous avons droit à une nouvelle inspection minutieuse du véhicule de la part des turkmènes (ils tapent sur les parois pour vérifier qu'on n'y cache pas des armes ou de la drogue, nous font ouvrir les coffres sous les banquettes...). Les ouzbeks, quant à eux prennent des plombes pour enregistrer nos passeports. Mais ce qui rend le moment très très pénible, c'est que les enfants sont odieux ! Je vous passe les détails pour une fois, mais genre... VRAIMENT odieux ! L'ambiance dans le camping-car est donc très tendue quand nous arrivons en fin de journée à Noukous, notre première étape ouzbek. Ce qui n'est pas franchement l'idéal pour appréhender un nouveau pays avec une nouvelle monnaie, de nouveaux "codes" etc.
Tiens en parlant de monnaie, voici l'une des premières complexités du pays : le change ! Les taux pratiqués au marché noir sont bien plus avantageux que le taux officiel. Mais au marché noir, il faut changer des dollars, le taux pour les euros étant plus faible. Du coup, nous voilà à la recherche d'une banque pour retirer des dollars, puis direction l'entrée du bazar pour y récupérer des Soums, la monnaie locale. Oui mais la plus grosse coupure ouzbeke équivaut à 0,25$!! Je vous laisse imaginer la liasse quand on change 100$, et le temps que ça prend, dans la rue, pour recompter tous les billets...
Nous perdons ensuite du temps pour comprendre le système d'enregistrement, le calvaire des voyageurs indépendants avec leur véhicule. Car en Ouzbékistan, il faut s'enregistrer, via des hôtels, pour toutes les nuits passées dans le pays dès la 3ème nuit (ce que nous dit l'hôtel dans lequel on se renseigne) ou bien si on reste 3 nuits dans la même ville (ce qui est indiqué dans notre guide)... ou bien tous les 3 jours (ce que nous allons faire). Tout ceci n'est pas limpide, mais toujours est-il qu'on encoure une amende de 1500€/personne si on tombe sur un policier tatillon qui souhaite vérifier nos enregistrements. Et évidemment, même sans prendre de chambre, les hôtels facturent cette "prestation". 15$/personne à Noukous ! (Visiblement c'est moins cher dans les villes plus touristiques). Du coup, on ne s'enregistre pas et on trouve une place devant le theatre municipal, juste derrière une voiture de flics à qui nous faisons un grand sourire en nous garant ;-)
Bref, première journée en Ouzbékistan pas géniale, pas mal de démarches à faire, enfants excités, parents sur les nerfs...
Le lendemain matin, nous continuons nos démarches en commençant par trouver une assurance pour le camping-car (nous ne sommes plus couverts par la carte verte). Ici, la notion de responsabilité civile n'existe pas, seuls les dommages aux véhicules sont couverts. Puis, avec l'aide d'un ouzbek super sympa nous repérons une pompe avec du gasoil. Car ici ils roulent au gaz et le ravitaillement en gasoil est beaucoup plus rare. Enfin nous nous équipons d'une carte sim locale afin de pouvoir passer des appels locaux et aller sur internet en 3G.
Une fois terminées toutes ces démarches (ouf!!), nous prenons la route de Moynaq, à 200km de Noukous. Moynaq était un port de la mer d'Aral jusque dans les années 60-70, avant que celle-ci ne disparaisse presque complètement, en raison de l'assèchement des sols lié à une culture intensive du coton dans la région. La ville est triste : des centaines de personnes ont progressivement perdu leur emploi et ont été contraintes de déménager. Tout au nord de la ville, la mairie a rassemblé des épaves de bateaux rouillés échoués sur le sable lors du retrait de la mer. L'occasion de faire une petite leçon aux enfants sur la rareté de l'eau et son rôle dans les écosystèmes ;-) Nous passons la nuit sur ce mémorial, sans un bruit...
Jeudi 14, nous prenons notre temps : les enfants jouent dans le sable puis au Mistgri avec un petit garçon du village, nous nous reposons sur le tapis installé devant le camping-car, discutant avec les quelques touristes qui visitent le lieu. Puis nous retournons sur Noukous le soir.
Et hier (vendredi 15 mai), nous avons fait les 150km nous séparant de Khiva, l'une des villes phares de la route de la soie. Nous allons y passer quelques jours, d'une part parce qu'elle a l'air vraiment belle, et d'autre part parce que nous avons besoin de nous poser un peu.
Allez, c'est le week end ;-)