Petite randonnée… de nuit !
Notre premier arrêt après avoir quitté la ville d’Antalya est la cité lycienne de Phaselis (VIIème siècle avant JC). Les ruines sont d’autant plus sympathiques que bordées de jolies plages aux eaux turquoises dans lesquelles il fait bon se rafraichir. Il est interdit de bivouaquer sur le parking du site, mais le gardien nous conseille une petite plage pas loin. C’est effectivement un bon plan, et nous y restons toute la journée du lendemain pour paresser, faire un peu de bricolage sur le camping-car et nous baigner. Nous levons le camp lundi en début d’après-midi avec l’idée de rejoindre le site d’Olympos, une autre cité lycienne (puis romaine) à une soixantaine de kilomètres. Mais à mi-chemin, dans une descente, Renaud se fige brusquement au volant : « je n’ai plus d’embrayage ! ». La pédale reste coincée en bas et il devient presque impossible de passer les vitesses ! Nous décidons de faire demi-tour pour rejoindre au plus vite la ville de Kemer qui est la plus proche. Le demi-tour sur la route étroite en pente est une aventure en soi… En remontant la pédale avec son pied (voire sa main !), Renaud nous conduit lentement mais surement dans la zone industrielle de Kemer où nous trouvons un garage qui nous confirme ce que nous pensions : c’est le système hydraulique de la pédale qui est HS. Ils n’ont pas la pièce mais peuvent la faire venir dans la soirée d’Antalya et réparer dans la foulée. Nous sommes quittes pour quelques heures d’attente et plusieurs dessins animés pour faire patienter les enfants. La pédale est réparée comme prévu et à 21h nous pouvons quitter le garage. C’est quand même pratique de trouver facilement des pièces mécaniques dans un pays où, cerise sur le gâteau, la main d’œuvre n’est pas très chère ! Je n’ose pas imaginer si ça nous était arrivé en Mongolie… Nous sommes à 6km de la plage sur laquelle nous avons passé les 2 dernières nuits, nous n’allons pas nous compliquer la vie ;-)
Mardi, nous prenons la route d’Olympos, pour de bon cette fois. Comme à Phaselis, nous pouvons combiner découverte de vestiges archéologiques et baignade dans une jolie anse où nous restons toute l’après-midi. En fin de journée, nous quittons Olympos pour le village de Cirali, célèbre pour être le point de départ d’une courte randonnée pour rejoindre les chimères, des flammes éternelles jaillissant du sol sur les pentes de la montagne. La légende prétend qu’elles proviennent du souffle de la chimère, cet « animal » mythologique mi lion, chèvre et serpent (sinon dans la vraie vie ce sont des émanations de méthane qui s’enflamment au contact de l’air). C’est la nuit qu’on apprécie le mieux le spectacle, aussi nous prenons notre temps dans un restaurant à déguster des pidés (pizzas turques) qui ne sont peut-être pas les meilleures que nous ayons mangé mais certainement les plus longues ! Avec tout ça, il est plus de 22h30 quand nous attaquons l’ascension ! Moi qui pensais que ce serait une petite promenade nocturne… je sue à grosses gouttes avec Martin dans le porte-bébé (il est crevé et s’endort en quelques minutes) à grimper la pente assez raide pendant 40 minutes. Les enfants râlent un peu, mais nous arrivons à les motiver pour qu’ils gardent la cadence. Une fois arrivés sur le site, Ils sont bien contents de pouvoir approcher ces petites flammes qui sortent du sol, même si Eliott nous gratifie d’un « ça ne vaut quand même pas le cratère de Darzava (Turkmenistan) ».
Alors que nous sommes assis au milieu des chimères, nous recevons plusieurs SMS nous demandant si tout est ok. Un nouvel attentat vient de se produire à Istanbul, nous en voyons les images TV dans la cabane du gardien en redescendant. Consternation, colère, tristesse… les restaurants et pensions que nous trouvons déjà bien vides ne sont pas prêts de se remplir cette année :-( De notre côté nous ne nous sentons pas en danger, mais par mesure de précaution nous prendrons soin d’éviter les grande villes. Pas question en revanche d’écourter notre découverte de ce fabuleux pays à cause de ces fanatiques !
ps. : et à bien y réfléchir... dans ce monde de fous prendre le train aux heures de pointe à la gare St-Charles de Marseille à partir de septembre me parait plus risqué que de bivouaquer de calanque en calanque sur la côte turque....