Ce jour où nous avons pris 3 petit-déjeuners
Cette étape au bord du lac Orumyieh ne devait être qu'un bivouac de transit à mi-chemin sur la route pour rejoindre Tabriz. La soirée commence par une déception : du lac nous ne verrons rien ! Peu à peu en train de s'assécher, la rive est sur laquelle nous sommes a reculé de plusieurs centaines de mètres ces dernières années, laissant la place à un marécage pas très engageant. Un peu dépités, nous prenons une petite route et trouvons un emplacement pour la nuit à l'orée d'un village, au bout d'un champ. Quelques minutes plus tard, un paysan vient à notre rencontre, suivi de près par sa femme et sa fille. Leur anglais est aussi bon que notre farsi, mais nous comprenons qu'il s'agit de leur champ et que nous sommes les bienvenus. Ou plutôt que nous sommes les bienvenus chez eux, dans leur maison en face pour la nuit. Un jeune se joint à nous, il parle légèrement mieux anglais et il nous invite également. Tout le monde insiste et nous finissons par accepter d'aller nous installer dans leur cour, de diner chez eux mais nous restons ferme sur le fait de dormir dans notre camping-car. Petite incompréhension de notre part, il s'agit en fait de 2 familles différentes et nous voici dans la position inconfortable de devoir choisir nos hôtes ! Nous optons pour la famille d'Ayoub qui est venu nous aborder en premier et promettons à Abbas de venir prendre le petit-dėjeuner chez lui le lendemain.
Nous passons donc la soirée en compagnie de cette charmante famille, mais la "conversation" n'est pas évidente, d'autant qu'il faut meubler un bon moment car la préparation du repas prend du temps. A 23 heures, Abbas et sa mère, qui habitent juste derrière, nous rejoignent finalement et nous passons tous à table pour un copieux diner de riz Tadik (le fond grillé dans un poêlon), de poulet mariné et de légumes, le tout copieusement arrosé de dough (yaourt délayé avec de l'eau salée). Nous nous couchons repus au milieu des chèvres, des oies et de quelques vaches.
Ce matin (vendredi 3 juin), nous sommes en train de prendre un petit-dej léger chez nous (bol de lait pour les enfants et café pour nous) lorsque Vahidé, la jeune fille avec laquelle nous avons passé la soirée hier, vient nous chercher pour prendre le vrai petit-dej. Alors que nous pensons qu'elle nous amène chez Abbas à qui nous avions promis de venir ce matin, elle nous installe en fait sur un tapis à l'ombre d'un arbre dans le champ de son père. Et toute la famille se joint à nous pour ce repas bucolique avec du bon lait frais, du thé, du pain et de la confiture et du fromage de chèvre délicieux
Mais voilà Abbas qui rapplique quelques minutes plus tard, nous disant que sa mère est en train de préparer le petit-dėjeuner pour nous comme prévu ! Nous prenons notre temps et attendons que le père de famille retourne dans son champ puis nous suivons Abbas chez lui. Re-thé, re-fromage de chèvre délicieux, pastèque et omelette aux tomates. Les enfants jouent le jeu et ne semblent pas plus perturbés que ça, mais lorsqu'Abbas nous demande si nous aimons les spaghettis car sa mère en prépare pour nous, nous disons stop ! Nos estomacs n'en peuvent plus et il est déjà 11h30, peut-être l'heure de décoller pour rejoindre Tabriz !
Comme quoi, il suffit de peu de choses pour transformer un bivouac raté en formidable moment ;-)